Particulièrement énergivores, les salles de cinéma sont appelées à revoir leur modèle d’exploitation. Mais depuis le début de la crise sanitaire, la fréquentation n’est plus ce qu’elle était, ce qui fragilise les exploitants. Où donc trouver les fonds pour mener la nécessaire transition écologique des salles de cinéma ?
Le CNC lance le « plan Action ! »
Le premier cinéma français éco responsable à énergie positive verra le jour sous peu, à Pont-Sainte-Marie. Anne Faucon, porteuse du projet, avoue que l’aventure n’a pas été de tout repos. En cause : le manque d’aide du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), mais aussi de quelques élus locaux. « On essaye de faire quelque chose de modèle mais on n’est pas plus aidés, si ce n’est moins. On s’est retrouvés avec des blocages à pleurer », explique-t-elle. On est loin des objectifs ambitieux affichés par le CNC en 2021, notamment avec le lancement du « plan Action ! », qui tourne autour de la transition écologique des salles de cinéma. En 2022, le CNC a publié un premier audit sur le bilan carbone de ces dernières.
Il faut passer à l’action
L’initiative du CNC a été plutôt bien reçue par les exploitants de salles. Pour la plupart, ceux-ci pensent qu’il est grand temps de faire un état des lieux du secteur d’un point de vue environnemental. Le temps est venu pour passer à l’action pour réduire l’impact écologique des salles de cinéma et des entreprises comme La Maison Ecolo sont là pour leur permettre d’y parvenir. Cela dit, certains exploitants pensent qu’il s’agit plus d’un « coup de com’ » de la part du CNC…
Se pose alors la question des modalités du tant attendu passage à l’action. A ce propos, le directeur adjoint du département cinéma du CNC, Lionel Bertinet, explique : « Il ne nous a pas semblé nécessaire de venir ajouter des contraintes supplémentaires, puisque les salles sont déjà concernées par des obligations fixées par l’Etat ». Lionel Bertinet fait ici référence à la loi Elan de 2018, dont l’objectif est d’améliorer les bâtiments tertiaires d’un point de vue énergétique. Ainsi, d’ici 2030, lesdits bâtiments sont tenus de réduire leur consommation de 40 %, pour arriver à – 60 % en 2050. Rappelons que seules les salles de cinéma dont la superficie excède les 1 000 m² sont concernées par la loi Elan.
L’épineuse question du coût
La transition écologique des salles de cinéma a un coût, et un coût exorbitant, d’autant plus que la plupart des exploitations sont installées dans d’anciens bâtiments énergivores en centre-ville. Souvent, ces bâtiments s’avèrent très difficiles à aménager. De plus, il faut évidemment fermer la salle pour engager les travaux, ce qui se traduit par des pertes colossales… « Personne ne veut fermer pour les faire, parce que nous sommes dans des situations concurrentielles très compliquées. En plus, je suis locataire du bâtiment, il faudrait donc convaincre le propriétaire, puis tout prendre à ma charge contre une exonération de loyer », déplore Michel Ferry, le directeur des Carmes.