Alors que l’immobilier traverse une période de crise sans précédent, le Premier ministre François Bayrou tente d’y apporter une réponse avec des mesures censées relancer la machine. Mais entre promesses floues et annonces déjà recyclées, le scepticisme gagne du terrain… Le point sur le sujet avec Stellium !
Un discours de politique générale qui laisse sur sa faim
Lorsqu’il s’est exprimé devant l’Assemblée, François Bayrou a bien évoqué la crise du logement, mais sans véritablement entrer dans le vif du sujet. Il a salué les efforts des gouvernements précédents, promis de réduire les délais de construction, de favoriser la densification et d’encourager l’investissement locatif. Des intentions louables, mais bien trop vagues pour un secteur qui attend des mesures concrètes face à une pénurie de logements qui s’aggrave.
Ce manque de précisions n’a pas échappé aux professionnels de l’immobilier. Loïc Cantin, président de la FNAIM, n’a pas hésité à qualifier cette intervention de « déclaration de bonne intention », pointant l’urgence d’actions réelles.
Soutenir les maires bâtisseurs : un budget dérisoire ?
François Bayrou entend aussi donner un coup de pouce aux maires, acteurs clés du développement immobilier, en leur octroyant une enveloppe de 100 millions d’euros pour la construction. Une aide bienvenue, mais largement insuffisante face aux défis rencontrés par les communes : explosion des coûts de construction, complexité du droit de l’urbanisme, budgets serrés depuis la suppression de la taxe d’habitation… Avec de telles contraintes, cette enveloppe ne semble pas en mesure d’apporter une réelle solution.
La densification douce pour contourner le manque de foncier
Pour répondre au défi du zéro artificialisation nette (ZAN), le Premier ministre mise sur la « densification douce ». L’idée est de surélever des bâtiments existants au lieu de s’étendre sur de nouvelles parcelles. En théorie, cela permettrait de maximiser l’espace disponible sans compromettre les impératifs écologiques. Mais en pratique, les obstacles techniques et juridiques risquent de ralentir cette ambition, sans parler de l’acceptabilité de ce type de projet par les habitants.
Un coup de pouce pour les étudiants, mais largement insuffisant
Les difficultés des étudiants pour se loger ne sont plus un secret pour personne. Chaque rentrée, des milliers de jeunes se battent pour décrocher un logement décent, souvent à des prix exorbitants. Face à ce constat, le gouvernement promet la construction de 15 000 logements étudiants par an pendant trois ans en mobilisant le foncier public. Si l’intention est louable, elle reste très en deçà des besoins. Un rapport de l’AIRES en 2021 évaluait déjà le déficit à 250 000 logements étudiants. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer.
PTZ, un élargissement déjà acté
Autre annonce du gouvernement : élargir le prêt à taux zéro (PTZ) à tous les logements neufs en France, et plus seulement aux zones tendues. En réalité, il ne fait que reprendre une mesure déjà adoptée sous Michel Barnier, qui figurait dans le projet de loi de finances pour 2025. Valérie Létard, ministre du Logement, y voit un levier efficace pour relancer l’accession à la propriété. Encore faut-il que les ménages aient la capacité d’emprunter, ce qui est loin d’être évident dans un contexte de taux élevés et de conditions d’octroi de crédit plus strictes.
Vers une hausse des frais de notaire ?
Parmi les décisions les plus controversées, François Bayrou reprend l’idée de son prédécesseur d’augmenter les droits de mutation de 0,5 %. Une hausse des frais de notaire qui vise à compenser les pertes de recettes des départements, fragilisés par la chute du nombre de transactions immobilières. Mais attention, ladite mesure pourrait se retourner contre lui… Lorsqu’il avait tenté de la mettre en place, Michel Barnier avait dû faire marche arrière face à la fronde des professionnels du secteur. Augmenter les frais d’acquisition alors que l’accès au logement est déjà un parcours du combattant risque d’être un mauvais signal pour les acheteurs potentiels.
Un coup de pouce aux transmissions familiales avec l’exonération de droits de succession sur l’achat neuf
Dernière mesure annoncée : l’exonération de droits de donation jusqu’à 100 000 euros pour l’achat d’un logement neuf. Une proposition qui figurait déjà dans l’ancien projet de loi de finances pour 2025 et qui revient sur la table. Elle vise à encourager la transmission intergénérationnelle et à stimuler le marché du neuf en facilitant l’apport des jeunes acquéreurs grâce à un coup de pouce familial.