Contrairement à certaines idées reçues, la langue française est bien présente dans le continent asiatique ! Dans plusieurs pays du continent, elle est parlée couramment et on peut même affirmer qu’elle fait partie du paysage linguistique et culturel local comme vous pourrez le découvrir lors de vos voyages en Asie. On fait le point sur le sujet avec Shanti Travel avis.
La cartographie linguistique étendue du plurilinguisme en Asie
L’internationalisation croissante résultant d’une expansion technique et capitaliste a engendré l’émergence d’un plurilinguisme asiatique, qui reflète la complexité géopolitique de la région. Tout comme dans les pays francophones, qui ont hérité de leur histoire coloniale, l’anglais est devenu l’une des langues officielles dans la majorité des pays asiatiques. En Inde, par exemple, l’anglais coexiste avec 21 autres langues officielles telles que l’hindi, le bengali, le marathi ou le tamoul. Le mandarin, quant à lui, est en train de devenir une langue commune, parlée par plus d’un milliard de personnes en Chine, à Singapour, à Taïwan et en Malaisie.
Cette spécificité du plurilinguisme asiatique est accompagnée d’une cartographie complexe, marquée par des ramifications résultant de conflits d’influence, de contacts, de domination et de préservation des traditions linguistiques. La volatilité et l’instabilité de certains répertoires linguistiques non fixés ont favorisé l’émergence d’une créolisation des langues asiatiques, donnant naissance à de nouvelles langues hybrides et métissées, telles que le conglish en Corée, le singlish à Singapour ou encore le taglish aux Philippines.
La présence de la langue française en Asie : une réalité persistante ?
Au milieu de cette multitude de langues, la visibilité et l’audibilité de la langue française semblent varier. Malgré son utilisation passée dans l’administration locale de certains pays d’Asie, en raison de leur histoire coloniale tumultueuse, le français a connu des destins divergents à partir des années 1970, allant de son interdiction pure et simple à sa valorisation par l’élitisme, selon les régions.
La question linguistique en Asie, marquée par le multilinguisme ou le plurilinguisme, semble initialement exclure la langue française, qui est parlée par seulement 1 % de la population. Concrètement, quelques États seulement sont membres de la Francophonie : le Laos, le Vietnam, le Vanuatu (membres à part entière), la Nouvelle-Calédonie (membre associé), la Thaïlande ou la Corée du Sud (membres observateurs). Ces chiffres soulignent la distance géographique, culturelle et idéologique vis-à-vis de la langue française, avec des systèmes linguistiques et des modes de pensée fondamentalement différents.
Pourtant, bien que le pourcentage de locuteurs francophones soit faible, nul ne peut nier que la langue française en Asie est bien ancrée. Grâce aux politiques éducatives des gouvernements asiatiques, qui ont eu une influence considérable sur la construction d’une culture linguistique, le français bénéficie d’une promotion encouragée par la volonté de préserver la diversité culturelle et de répondre à une demande sociale. Depuis les années 2000, de nombreux pays asiatiques incluent l’apprentissage de deux langues vivantes européennes dans leurs programmes scolaires : le français et l’anglais.
De plus, des raisons sociologiques et géographiques inscrivent le français dans la carte multilingue de la région. La francophonie est solidement ancrée dans la région du Pacifique, où le français coexiste en tant que langue véhiculaire aux côtés des langues vernaculaires. Aussi, dans la région Asie-Océanie, l’enseignement se fait exclusivement en français, notamment en Nouvelle-Calédonie ou au Vanuatu. Cependant, le paradoxe le plus frappant réside dans l’écart entre la faible visibilité de la langue française sur le territoire asiatique et le nombre élevé d’élèves scolarisés en français.
En raison de la présence de milliers d’expatriés francophones en Asie-Pacifique, les établissements français à l’étranger offrent un enseignement en français. C’est pourquoi le réseau de l’enseignement du français à l’étranger compte près de 6 % de ses effectifs mondiaux en Asie, avec plus de 21 000 élèves scolarisés dans 48 établissements, les chiffres les plus importants étant enregistrés à Singapour, au Vietnam et en Australie.
Cependant, le public inscrit dans ces établissements n’est pas exclusivement francophone, ce qui engendre des problématiques liées à l’appropriation d’une ou de plusieurs langues en contact ou pratiquées au quotidien.