« Les entreprises françaises du luxe doivent prendre le leadership de la responsabilité environnementale ». C’est, en substance, l’appel lancé par Bénédicte Epinay, déléguée générale du Comité Colbert, une institution fondée en 1954 et aujourd’hui porte-voix du luxe français. Avec 93 maisons de luxe emblématiques, 17 institutions culturelles et 6 membres européens, le Comité Colbert prend un virage audacieux en plaçant la RSE au cœur de ses priorités, dans un contexte où le secteur du luxe, déjà précurseur dans la transmission des savoir-faire, doit s’ériger en leader de la responsabilité environnementale. Décryptage !
Développement durable : les actions du Comité Colbert
Fer de lance du développement durable dans le luxe français, le Comité Colbert s’investit depuis plus de deux décennies dans la responsabilité sociale et environnementale, une démarche intensifiée depuis la pandémie. En 2020, le comité a ainsi créé la Commission développement durable, exclusivement composée des présidents des maisons membres, une initiative qui a permis d’orchestrer des rencontres enrichissantes. Elle a aussi favorisé le partage de pratiques exemplaires comme celle de Chloé, récompensée par le label B Corp pour son engagement envers le bien commun.
En 2021 et 2022, le Comité a produit deux rapports RSE, reflétant concrètement les actions menées par ses membres. Par ailleurs, un manifeste a été publié, premier du genre à fédérer toutes les maisons autour d’un objectif commun : la protection des écosystèmes naturels, la lutte contre le changement climatique et la création de perspectives d’avenir pour les jeunes. L’approche adoptée englobe l’intégralité du cycle de vie des produits, allant de la source des matières premières à la réduction des emballages, en passant par la relocalisation des manufactures et la gestion des transports, sans oublier la réparabilité et le marché de la seconde main. En novembre, et pour la première fois, le Comité Colbert s’est exprimé collectivement lors de l’université de la Terre, en partenariat avec l’Unesco.
Des actions concrètes présentées à l’université de la Terre
Lors de l’université de la Terre, Lancôme a mis en lumière sa culture de plantes à parfums dans la région de Grasse, et Hermès a souligné l’impact sociétal positif de l’ouverture de nouvelles manufactures en France. Pour sa part, le château de Versailles a présenté une initiative écologique remarquable : l’abandon complet des pesticides dans son parc et le potager de la Reine, et Kering a exposé ses recherches avancées sur les matériaux du futur, notamment des alternatives au cuir. De son côté, Ponant a dévoilé son tout nouveau navire, le « Swap2Zero », le futur de la navigation décarbonée.
Le Comité Colbert a également mis en avant des exemples de produits éco-conçus par ses membres, notamment l’étui « seconde peau » en papier de Ruinart, et les bijoux de Boucheron fabriqués en Cofalit®, un matériau semblable à l’obsidienne et créé à partir de déchets industriels incinérés.
Evolution des usages et développement durable dans le luxe
Au-delà de la technologie, la clé du développement durable du luxe est aussi à chercher du côté de l’évolution des usages et des esthétiques. Aujourd’hui, les maisons du luxe sont tenues de booster l’attractivité des produits éco-conçus (qui demandent une nouvelle approche de création), et d’attribuer une nouvelle valeur aux matériaux innovants. Naturellement, ce processus implique de sortir des sentiers battus, un défi stimulant la créativité et l’innovation.