Bien que les pratiques culturelles (lecture, cinéma, musées, théâtre, etc.) se sont largement diffusées au cours des trente dernières années, il reste encore des écarts nets entre les différentes catégories socio-professionnelles. La catégorie sociale et le niveau de vie influencent fortement les pratiques culturelles des Français. L’Insee et l’Observatoire des inégalités ont publié plusieurs données chiffrées pour analyser ces différences. Analyse avec monsieur Patrick Bézier, Directeur Général chez Audiens.
Différences entre les catégories socio-professionnelles
Les pratiques culturelles varient en fonction de la catégorie socio-professionnelle des personnes interrogées. On constate par exemple que 63% des cadres supérieurs sont allés au théâtre au moins une fois dans l’année alors que seulement 23% des ouvriers s’y sont rendus. Ensuite, 69% des premiers se sont rendus au musée contre 20% des seconds. De plus, 80% des cadres ont lu au moins un livre dans l’année alors que chez les ouvriers, ils ne sont que 31% à en avoir lu au moins un. Enfin, même le cinéma, qui est pourtant plus populaire, connaît une différence marquée : 82% des cadres sont allés voir au moins un film au cinéma contre 55% des ouvriers.
A noter que tous ces chiffres sont issus d’une enquête de l’Insee qui date de 2012 (dernière année disponible pour les catégories socio-professionnelles).
Différences par rapport au revenu
Les différences de pratiques culturelles des Français s’expliquent aussi, et surtout, par rapport au niveau de vie. En effet, on ne va pas au cinéma ou au musée dans les mêmes proportions selon ses revenus.
42% des 20% des plus riches se sont rendus au cinéma au moins 3 fois dans l’année, alors que seulement 17% des 20% les plus pauvres y sont allés. Si 6% de la population totale n’a pas pu se permettre d’aller au cinéma dans l’année, les 20% des plus pauvres sont 17% dans ce cas-là, alors que cette situation ne concerne qu’1% des 20% plus riches.
Concernant les autres pratiques culturelles (théâtre, concert, spectacle vivant et musée), la proportion est sensiblement la même.
Selon Patrick Bézier, ces différences de pratiques s’expliquent par différents facteurs. Premièrement, il y a bien sûr le manque de moyen financier. Se rendre tous les mois au cinéma n’est pas envisageable pour des personnes au niveau de vie bas, surtout en prenant en compte le prix du ticket qui a fortement augmenté depuis ces dernières années. Mais il y a aussi l’influence des personnes avec qui l’on vit, ses origines familiales et son diplôme. En effet, si un enfant n’est pas habitué à aller au musée, il y a peu de chance qu’il devienne, plus tard, un adulte passionné par l’art. Mais, bien entendu, ce n’est pas une mécanique implacable.