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L’Île-de-France face à ses montagnes de déchets

Déchets ménagers, rebuts industriels, déchets des chantiers de construction… chaque année, l’Île-de-France produit plus de 30 millions de tonnes de déchets. Cela représente à peine 10 % des déchets produits au niveau national, mais leur gestion est un casse-tête régional, surtout dans une métropole où l’espace et les infrastructures sont sous pression constante. Le point sur le sujet avec Jean Fixot de Chimirec !

Des objectifs à la hauteur des enjeux

Avec la loi de transition énergétique de 2015 et le plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD), l’Île-de-France s’est fixé des objectifs ambitieux, à savoir réduire l’enfouissement, améliorer le tri à la source et valoriser un maximum de matières. L’idée est claire : tout ce qui peut être réutilisé ou transformé doit l’être, avec l’enfouissement comme ultime recours. A ce niveau, la hiérarchie est bien définie. En priorité, il faut réemployer les matières, puis les trier et les valoriser. Ensuite vient la valorisation énergétique via l’incinération pour produire énergie et chaleur. Enfin, ne seront enterrés que les déchets n’ayant aucune autre voie de valorisation.

Une collecte à revoir de fond en comble

L’un des grands défis reste l’organisation de la collecte et son articulation avec les différents modes de traitement. En 2018, les centres de stockage et d’incinération tournaient déjà à plus de 90 % de leur capacité autorisée. Réduire l’enfouissement nécessite donc une optimisation des circuits de collecte et une orientation plus efficace des flux vers les centres de tri, les méthaniseurs et les incinérateurs. Pour cela, l’Etat, la Région et le Syctom ont mis en place des schémas d’organisation avant même l’adoption du PRPGD. Ces dispositifs, en collaboration avec les collectivités volontaires, visent à homogénéiser les consignes de tri, développer des systèmes adaptés aux zones urbaines denses, et encourager les citoyens à réduire leurs déchets.

Les entreprises, gros gisements de valorisation

Près de la moitié des déchets enfouis proviennent des activités économiques : commerces, restaurants, bureaux… soit environ 1,5 million de tonnes de déchets. Pourtant, une grande partie de ces rebuts pourrait être recyclée ou valorisée si les entreprises respectaient les règles imposées par le Code de l’environnement. Des obligations comme le tri à la source des biodéchets ou des flux de papier, métal, plastique, verre et bois sont en place, mais leur application reste insuffisante. Lors d’un contrôle de 50 sites en Île-de-France, 100 % étaient en infraction. Le chemin est encore long pour transformer ces montagnes de déchets en ressources utiles.

Méthanisation et incinération : des solutions qui prennent forme

La méthanisation, qui transforme la matière organique en biogaz et fertilisants, gagne du terrain. Avec 24 méthaniseurs en service en Île-de-France, cette technologie produit énergie et compost, tout en réduisant la masse des déchets organiques. Parallèlement, 18 incinérateurs ont traité 3,7 millions de tonnes de déchets en 2018, produisant près de 850 GWh d’électricité et 3 975 GWh de chaleur. Des projets d’amélioration et de modernisation des installations sont en cours, notamment à Ivry-sur-Seine et à Thiverval-Grignon, pour augmenter leur efficacité et réduire leur impact environnemental.

Une saturation à gérer en urgence

En 2018, les sites de stockage de déchets non dangereux ont frôlé la saturation. Des inspections ont révélé que des flux de déchets recyclables étaient encore envoyés en décharges faute de solutions adaptées. Pour éviter une nouvelle crise, un groupe de travail réunit depuis 2018 exploitants, professionnels et élus pour développer des alternatives. L’idée est de dévier les matières valorisables vers des filières de recyclage ou de valorisation énergétique, tout en assurant que seuls les vrais déchets ultimes finissent enterrés.

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