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La nuit étoilée - Van Gogh

La nuit étoilée – Van Gogh : la naissance d’un chef-d’oeuvre

Vincent Van Gogh est admis à l’asile psychiatrique près de Saint-Rémy-de-Provence. Il y passera plus d’un an, et il y peindra près de 150 toiles, dont la Nuit étoilée, son œuvre phare inspirée du paysage provençal. Il était prévu qu’il soit interné à Marseille, dans un grand hôpital en centre ville. Si telle avait été la tournure des évènements, la Nuit étoilée n’existerait sans doute pas, et Van Gogh aurait très bien pu peindre le Vieux-port et ses milliers de lampadaires.

Un chef-d’oeuvre né sous de bonnes étoiles

Deux choses restent attachées à la nuit étoilée : Van Gogh et sa folie. Dans la culture populaire, il fait figure de l’archétype de l’artiste dérangé, celui qui s’est coupé une oreille pour l’offrir à une femme, ou encore celui qui mangeait des pigments jaunes pour se procurer de la joie. Ce qu’il faut noter, c’est que Vincent Van Gogh a produit ses œuvres non pas à cause de sa condition de santé, mais malgré elle.

Après avoir examiné vincent, les médecins ont prononcé un diagnostic d’épilepsie et de troubles bipolaires. Le corps médical s’est rendu compte que la seule façon pour Vincent de survivre et de surmonter ses maux était de créer. Son frère Théo, qui prenait en charge ses soins, lui a assuré un atelier dans l’hôpital même, et Van Gogh, que beaucoup ont considéré comme le patient le plus sain de Saint-Rémy, a gagné le privilège de sortir explorer les paysages environnants.

Van Gogh la nuit étoilée
Van Gogh la nuit étoilée

 

 

 

 

 

Il a passé la grande partie de son temps à peindre et à contempler le paysage depuis sa fenêtre. Les innovations en matière de pigments chimiques, devenus très populaires à l’époque, lui ont permis d’explorer les couleurs et de les étudier plus en profondeur. Cela a permis à Vincent de peindre des paysages gais et joyeux, contrastant avec les paysages et les portraits sombres et mystérieux qu’il a produit par le passé.

Van Gogh travaillait rapidement et pouvait finir une toile en seulement quelques heures. Avec 150 toiles finies en une année, c’est presque une cadence d’une toile chaque deux jours. En 1889, exactement un 18 juin, Vincent Van Gogh a peint la Nuit étoilée. La même année, il a peint des patients, qu’il appelait ses compagnons de l’infortune, une célèbre série d’autoportraits, mais également des paysages réunissant l’asile psychiatrique, la chapelle de Saint-Rémy, ses collines et ses oliveraies.

Une œuvre témoin de son environnement

Quand les asiles psychiatriques du 19ème siècle sont mentionnés, l’idée qui vient le plus souvent à l’esprit est celle d’institutions peu scrupuleuses usant de traitements horrifiants selon les normes de la médecine moderne. Le fondateur de l’hôpital de Saint-Rémy était un progressiste qui croyait fermement qu’être entouré de la nature et pratiquer un art étaient particulièrement bénéfiques pour les esprits troublés. Il a alors entrepris des travaux de plantation d’arbres et d’aménagement du paysage, et n’hésitait pas à accommoder ses patients créatifs en leur improvisant des ateliers, comme il a fait avec Van Gogh.

Van Gogh la nuit étoilée
Van Gogh la nuit étoilée

Les règles de sécurité obligent, la fenêtre du studio de Vincent avait naturellement une grille, mais ni cette dernière, ni le manque d’éclairage extérieur le soir ne l’ont empêché de peindre la Nuit étoilée. Cela prouve que devant une bonne volonté et de la créativité, il est possible de traduire ses maux en œuvres d’arts et de transformer la souffrance en salvation. Ayant pris la palette de couleurs en main à l’âge tardif de 30 ans, Van Gogh a su se construire un style propre à lui, à la frontière de l’impressionnisme, du pointillisme, et de la peinture de genre, et s’éteindra seulement 7 ans après.

Cette courte carrière est l’une des raisons pour laquelle Van Gogh continue de fasciner les historiens comme les amateurs d’art à part égale. Vincent n’était pas l’artiste inconnu de son temps ayant connu uniquement un succès posthume : il avait plusieurs amis qui l’ont épaulé et qui l’ont aidé à faire connaître son art, comme le peintre Paul Gauguin, son ami de longue date avec qui il a habité avant son entrée à Saint-Rémy, Henri de Toulouse-Lautrec ou encore Claude Monet.

Dans sa lucidité, Vincent avait peut-être eu la prémonition qu’il ne ferait pas long feu, ou qu’il avait un retard important à rattraper. En tout cas, ce qui est connu, c’est qu’il peignait frénétiquement et qu’il était frustré à chaque fois que sa condition de santé ne lui permettait pas de peindre. Si un bon nombre d’historiens et de critiques considèrent ses tableaux comme une lente descente en enfer, la peinture (dont ce célèbre tableau de la Nuit étoilée) était pour Van Gogh un moyen de salvation, de lutte et d’expression.

Van Gogh la nuit étoilée
Van Gogh la nuit étoilée

La Nuit étoilée n’était pas une œuvre figurative au sens propre, mais une transfiguration joyeuse d’une scène nocturne comme Van Gogh l’avait visualisée et imaginée : les cyprès représentés étaient en réalité beaucoup plus petits, le firmament était d’une couleur beaucoup plus sombre et les étoiles beaucoup moins brillantes. C’est sans doute en puisant dans son for intérieur que Vincent a trouvé l’allégresse et les couleurs radieuses devenues iconiques et célébrissimes.

Il est impossible de parler de la Nuit étoilée de Van Gogh sans évoquer sa grande soeur éponyme, peinte à Arles en 1888, où vivait Vincent, et qui représente le même ciel texturé aux couleurs vives, les mêmes astres radieux et leurs reflets sur le lac d’Arles. La couleur bleue, selon plusieurs critiques, serait d’inspiration japonaise, et a été comparée à La Grande Vague de Kanagawa, la célèbre estampe japonaise du peintre japonais Hokusai publiée en 1830 durant la période Edo.

L’usage des pigments synthétiques, beaucoup plus saturés, a permis à Van Gogh de rompre avec les couleurs sourdes et les paysages hagards qu’il était habitué à peindre. Au fur et à mesure que son travail évoluait, l’influence japonaise était plus prononcée, à travers des compositions florales de couleurs pures comme le blanc et le bleu, de larges blocs de couleurs unies, des perspectives déformées et une absence quasi-totale des ombres.

Si Vincent avait choisi de représenter un firmament trouble mais joyeux, c’était un peu à l’image de sa vie d’artiste, hanté par ses ombres qu’il a décidé d’omettre dans ses toiles. Ne pouvant peindre le paysage le soir, c’est grâce à son imagination féconde et à sa sensibilité qu’il a réussi à recréer une scène idyllique de nuit étoilée à partir d’un paysage mélancolique.

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