La French Tech n’est plus un petit club fermé de startup ambitieuses et ultra spécialisées, il ne cesse de croître et bat même des records. Fer de lance de l’économie numérique française, l’écosystème French Tech doit faire face à de nombreux défis tels que la fuite des compétences vers l’étranger, la crise sanitaire récente qui risque de devenir récurrente ou d’autres encore comme la transition énergétique ou celui, plus sensible, de la diversité. C’est sur ce dernier point que nous allons maintenant nous attarder en essayant de comprendre les problèmes et les solutions potentielles à mettre en œuvre.
French Tech, le pari de la croissance réussi
Rappelons-nous, c’était en 2019, le président Emmanuel Macron célébrait à l’Elysée le France Digitale Day en adressant un message ambitieux aux entrepreneurs, startuppeurs et investisseurs : celui d’avoir 25 licornes françaises à l’horizon 2025.
Rappelons qu’une licorne est une entreprise valorisée à plus d’1 milliard de dollars.
Moins de 3 ans plus tard, un lundi 17 janvier 2022 très exactement, cet objectif est pulvérisé avec Exotec, pépite française de la robotique. En effet, Exotec vient de boucler un tour de table de 335 millions de dollars et est désormais valorisée à plus de 2 milliards de dollars.
Emmanuel Macron peut jubiler, la France connue pour ses compétences pointues, ses idées (déjà depuis le choc pétrolier de 1973) et sa capacité à innover tient une place de haut rang dans le domaine du numérique et de la technologie mondiale.
Cap désormais vers un nouvel objectif encore plus ambitieux annoncé par le président lui-même : ce n’est plus 25 licornes supplémentaires, ni 50, non c’est tout simplement 75 de plus avec un défi de 100 licornes françaises pour 2030 !
Le tableau pourrait paraître idyllique s’il n’y avait pas un petit grain de sable dans la formidable machine de la tech française. Car il y a un mais : tout ceci est bien beau mais ne profite pas à tout le monde. Le monde de la tech est fermé, la disparité homme/femme y est plus grande qu’ailleurs et la diversité n’est pas vraiment son point fort…
La French Tech et la parité homme / femme
C’est un fait connu de tous, le milieu de la tech est essentiellement masculin. Petit chiffre qui revient fréquemment dans les études sur le sujet : 90% de startuppeurs sont des hommes !
Alors que doit-on en retenir : défi de croissance réussi et défi de parité raté ?
Pas nécessairement : les langues se délient et après l’affaire de sexisme chez Sigfox, après l’apparition du hashtag #balancetastartup, force est de constater qu’il y a des évolutions.
Devant ce faible nombre de femmes présentes dans les instances dirigeantes ou les équipes managériales la French Tech a récemment lancé un pacte de Parité qui devrait faire bouger les lignes déjà en formant 100% des managers à tous les enjeux concernant le harcèlement ou la discrimination et en garantissant que 100% des fiches de postes présentées lors de recrutement s’adressent autant aux hommes qu’aux femmes. D’autres engagements forts devraient permettre d’avoir un seuil de 20% de femmes siégeant aux boards des entreprises d’ici 2025 et d’avoir dès 2022 des représentants et représentantes paritaires dans chacune des entreprises signataires. En tout, ce sont plus de 60 entreprises de la French Tech 120 qui ont signé ce pacte !
Et la diversité dans la French Tech, on en parle ?
C’est un tabou au sujet duquel certaines organisations comme Culture & Diversité fondée par Marc Ladreit de Lacharrière et qui, entre autres, organise le Trophée de l’improvisation sous l’égide de Jamel Debbouze, se battent depuis des années.
Car oui, il y a une fracture sociale en France et pour preuve : dans les startups 80 à 100% des profils ont un BAC+5, 71% des startuppeurs ont fait une grande école de commerce ou d’ingénieur et seulement 1% sont des autodidactes.
Alors il y a-t-il vraiment une égalité des chances entre les différentes couches de la population ? La question mérite d’être posée. Et le gouvernement a enclenché en 2021 le French Tech Tremplin avec un fond doté de 15 millions d’euros pour une immersion en deux phases : une préparation de 6 mois pour les porteurs de projets et une incubation de 12 mois avec à chaque étape un soutien financier et opérationnel.
L’idée est de permettre aux populations isolées avec peu de réseau d’avoir une chance de réussir : quartiers prioritaires, personnes bénéficiaires de minima sociaux, réfugiés, étudiants boursiers, … Ce tremplin doit pouvoir casser les frontières socio-économiques qui existent dans notre pays pour démocratiser un peu plus la French Tech.
Une utopie ? Nous verrons ça dans les années qui viennent !