A Paris, une personne dont on taira le nom a envoyé la somme de 160 000 euros via sa banque à ce qu’elle croyait être un notaire. Il s’agissait en réalité d’escrocs qui ont réussi à se faire passer pour le notaire de la victime. L’affaire, largement relayée par la presse nationale, met en alerte la profession sur ce type d’arnaque certes peu fréquente, mais en recrudescence. Le point sur le sujet avec Frédéric Ducourau.
Une arnaque en recrudescence
On l’appellera Marie. Marie est la victime d’une escroquerie encore peu fréquente, mais en recrudescence. Elle croyait que le RIB qu’elle a transmis le mois dernier à sa banque provenait de l’assistance de son notaire. Il n’en était rien, en dépit de l’en-tête et de la signature. Tout cela était le fait de hackers qui ont eu accès à sa boîte mail. Un accès qui a permis aux escrocs de prendre connaissance du projet de Marie d’acheter une résidence secondaire. C’est ce qui les a aidé à rendre leur arnaque plus crédible.
D’habitude méfiante, cette cadre d’une entreprise du CAC 40 avoue ne pas avoir fait assez attention. Elle se justifie toutefois en expliquant qu’en consultant un mail sur son téléphone, on ne voit pas le nom de la personne. De plus, elle attendait un mail de son notaire. Lorsqu’elle l’a reçu, elle ne s’est pas trop posé de questions. Heureusement, Marie a pu récupérer près de 100 000 euros, mais elle est très remontée contre sa banque, avec laquelle elle est actuellement en situation de précontentieux. Notons qu’elle a porté plainte contre X.
La banque, fautive ?
Pour Marie, sa banque n’a pas fait toutes les vérifications qui s’imposent. Elle souligne aussi que l’adresse de l’expéditeur devait alerter sa banquière. Plus grave encore, elle estime que sa conseillère aurait dû se rendre compte que le destinataire du virement n’était pas enregistré à la CDC (Caisse des dépôts et consignations), malgré le fait que cela soit indiqué sur le RIB usurpé. A ce propos, une notaire interrogée sur le sujet explique : « Il faut vraiment que les conseillers financiers soient formés, parce qu’un notaire n’aura jamais un compte ailleurs qu’à la CDC. Au moindre doute, la banque devra effectuer un contre-appel (appel de vérification), procédé utilisé par les notaires eux-mêmes auprès des clients ».
Responsabilité partagée
C’est ce que semble penser le patron d’une entreprise de cybersécurité qui a décidé, à titre bénévole, d’aider Marie dans ses déboires. En effet, selon lui, la responsabilité de ce qui s’est passé est partagée entre plusieurs acteurs. La responsabilité de la banque est évidemment engagée, car elle n’a pas fait les vérifications qui s’imposent avant de virer une somme importante (160 000 euros), mais elle n’est pas la seule. L’opérateur de messagerie est également à blâmer, car il n’a jamais averti Marie des connexions suspectes sur sa boîte mail depuis la Côte d’Ivoire. Ce n’est qu’après avoir vérifié son historique de connexions après coup que Marie s’en est rendu compte.