Le mime, qui vient du grec « mimos » signifiant « imitation », est un art qui existe depuis plus de 25 siècles. Ce genre théâtral est basé sur les gestes et la mimique, sans parole, et séduit aussi bien petits et grands. Le point sur cet art unique avec Jean-Louis Sbeghen, passionné et régisseur de théâtre.
Les origines du mime
On peut retracer l’histoire du mime à l’époque grecque, avec notamment le poète Sophron de Syracuse, qui aimait se moquer de ses contemporains. Le mime utilise alors la parodie, la comédie et la caricature, ainsi qu’un peu de parole. Sous l’Empire Romain, le mime trouve sa caractéristique première : au cours d’une représentation, vers 240 avant Jésus-Christ, Livius Andronicus qui souffre d’une extinction de voix, demande à un récitant de se placer devant lui pendant qu’il illustre ses paroles par des gestes.
Par la suite, Charlemagne, ainsi que ses conciles, ordonnent l’arrêt des mimes, jugés obscènes. Mais cet art revient rapidement sur scène, et connaît un grand succès.
L’arrivée du cinéma et des films muets à la fin du XIXe siècle vont donner encore un rayonnement formidable au mime. De même, au début du XXe siècle, le théâtre prend un nouvel essor : les acteurs prennent conscience de ce que peut apporter leur corps, un formidable instrument sur scène qui permet de s’ouvrir sur de nouvelles voies créatives.
L’évolution fulgurante du mime au XIXe et XXe siècle
Si le mime était jusqu’alors utilisé pour imiter, il évolue au XXe siècle pour se diversifier et proposer des spectacles inédits, tour à tour symboliques, surréalistes ou encore abstraits. L’expressivité du corps continue son apogée et sert le mime.
On retrouve également le mime dans le théâtre de l’absurde, comme avec Hauser Orkater, Jérôme Deschamps, Farid Chopel, Yves Lebreton… D’autres artistes sont dans un esprit plus réaliste ou minimaliste, ou hyperréaliste comme avec Peter Handke et F. X. Krpetz.
Et on ne peut évoquer le mime sans parler de Marcel Marceau, le célèbre Mime Marceau. Après avoir été formé à l’école de Charles Dullin, où il rencontre Jean-Louis Barrault et devient disciple d’Etienne Decroux, avec qui il découvre les principes du mime corporel. Il est l’inventeur du mime moderne, et est la référence incontestée en la matière.
D’autres arts se rapprochent du mime, notamment la danse, ce qui conduit à de véritables chefs d’œuvre, comme les œuvres de Pina Bausch ou de Maguy Marin. L’univers des clowns et du cinéma muet inspirent également les artistes de mime, et donne aux spectateurs une nouvelle vision, plus contemporaine, de cet art. Tour à tour comique ou émouvant, le mime ne laisse pas indifférent. Chaque geste peut être interprété, et fait écho au ressenti du spectateur.
Enfin, il convient de ne pas confondre le mime et la pantomime. Le mime tend plutôt vers la poésie ou la danse, et repose sur la créativité. La pantomime est quant à elle considérée comme une imitation, essentiellement d’une histoire qu’elle relate avec des gestes.