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Ouvriers qui peignent des voitures

L’automobile européenne dans le viseur des taxes US sur le Mexique

On le sait, Donald Trump n’a jamais caché son goût pour le protectionnisme. Mais cette fois, l’annonce d’une taxe de 25 % sur les importations mexicaines pourrait frapper bien plus durement l’industrie automobile européenne que ses homologues américains. Entre chaînes d’approvisionnement chamboulées et modèles économiques remis en question, les constructeurs comme Volkswagen et Stellantis jouent gros. Décryptage avec Univers Motors à Vendargues !

Le Mexique, pièce maîtresse du puzzle automobile

Le Mexique est un voisin des États-Unis, mais c’est aussi un maillon stratégique pour l’industrie automobile. Près de 80 % des véhicules produits sur son sol filent directement vers l’Amérique, avec un chiffre impressionnant de 1,57 million de voitures exportées sur les sept premiers mois de 2024. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : le pays fournit aussi quatre fois plus de pièces détachées aux États-Unis que l’Europe.

Pour des groupes comme Stellantis et Volkswagen, le Mexique est une véritable plaque tournante. Les usines de Saltillo et Toluca de Stellantis, spécialisées dans les camionnettes Ram et le SUV Jeep Compass, pourraient voir leurs marges fondre à cause de ces taxes. Même son de cloche chez Volkswagen, dont l’usine de Puebla a produit près de 350 000 véhicules en 2023, dont des Jetta et Tiguan destinées à l’Amérique du Nord.

Quand Trump secoue la chaîne d’approvisionnement

Avec ses 25 % de taxes, Trump déclenche une véritable tempête. Les constructeurs européens, déjà malmenés par la transition vers l’électrique et la concurrence chinoise, se retrouvent coincés. Faut-il relocaliser aux États-Unis, investir encore plus dans un marché sous tension, ou accepter de rogner sur des marges déjà en sursis ? Le dilemme est d’autant plus complexe que les délais sont ultra courts. Selon les analystes de Bernstein, l’entrée en vigueur de ces taxes ne laisserait que peu de temps aux industriels pour revoir leur copie. Résultat : des pertes estimées à plusieurs milliards pour Stellantis et une menace directe sur la compétitivité des modèles Volkswagen aux États-Unis.

Un scénario cauchemar pour l’Europe

Si l’automobile européenne a toujours jonglé avec des chaînes d’approvisionnement globalisées, cette fois, la donne pourrait changer, car en plus de devoir composer avec les taxes sur les importations mexicaines, les constructeurs européens redoutent une autre épée de Damoclès : des droits de douane sur les véhicules européens eux-mêmes. Pour Volkswagen USA, qui importe dix fois plus de pièces du Mexique que d’Europe, cette double peine serait un désastre. Déjà, 65 % des véhicules VW vendus aux États-Unis deviendraient hors de prix avec ces nouvelles taxes.

Un protectionnisme de plus en plus pesant

Les grandes marques comme BMW ou Mercedes, qui possèdent déjà des usines aux États-Unis, pourraient amortir le choc en augmentant leur production locale. L’usine de Spartanburg, par exemple, a produit 410 793 voitures en 2023, dont une bonne partie exportée. Mais multiplier les investissements aux États-Unis reste un pari coûteux, dans un contexte économique où chaque euro compte. Qui plus est, depuis la pandémie et la montée du protectionnisme, les constructeurs européens ont déjà renforcé leurs investissements outre-Atlantique, notamment dans des bastions républicains comme la Caroline du Sud. Le résultat est des milliards d’euros injectés, mais une dépendance toujours aussi forte au Mexique.

Des constructeurs sur la défensive

Face à l’incertitude, les grands noms de l’automobile préfèrent jouer la prudence. Les usines américaines de BMW ou Mercedes-Benz pourraient absorber une partie de la production pour le marché local, mais cela suppose des investissements massifs. Pour les fournisseurs comme Continental, le modèle « produire localement pour le marché local » permet de limiter les dégâts. Mais ce n’est pas une solution miracle pour des géants comme Volkswagen ou Stellantis, trop exposés au modèle mexicain.

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