Le 15 mars dernier, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a annoncé que le salaire minimum des fonctionnaires allait augmenter. Une information confirmée le jour même par le porte-parole de la présidence égyptienne Bassam Rady via un communiqué officiel. Une mesure suffisante à atténuer les effets d’une crise économique et sociale sans précédent ? Décryptage !
Une augmentation de 20% du salaire minimum
La décision du président égyptien fut prise après qu’il se soit réuni avec son Premier ministre, le Dr Mostafa Madbouly et le ministre des Finances, le Dr Mohamed Maait. Une réunion durant laquelle fut discuté le projet de budget pour l’exercice 2021-2022.
Le Chef d’état et ses responsables gouvernementaux se sont également mis d’accord sur l’augmentation du salaire minimum du personnel de l’administration publique à hauteur de 20%, passant ainsi de 2 000 EGP à 2 400 (environ 153 dollars).
Les travailleurs ne dépendant pas de la fonction publique vont eux aussi voir leur pension augmenter de 13%, tandis que les employés qui vont remplir toutes les conditions de promotion à la date du 30/06/2021 vont être directement promus.
Concernant l’exercice financier 2021-2022, le ministre des Finances a déclaré que l’objectif principal était de réduire le déficit total à 6,6% du PIB, tout en atteignant un excédent initial de 1,5 du PIB. Il a précisé à ce propos que de telles mesures vont permettre de maintenir une certaine stabilité nécessaire à la reprise de l’économie, qui souffre des effets dévastateurs liés à la pandémie de la Covid-19.
Une nouvelle ère pour l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi ?
Les mesures économiques et sociales initiées par le président Al-Sissi interviennent à un moment où la politique même du pays enregistre de nouveaux virages stratégiques. En effet, depuis quelques semaines nous assistons à un rapprochement entre la Turquie et l’Egypte après des années de conflits. La position du Caire envers la crise du Golf est également sujette à des modifications majeures puisque le pays du Nil penche plus pour la réconciliation avec le Qatar. La normalisation des relations avec Israël est venue compléter ce tableau qui prouve la volonté égyptienne de s’ouvrir davantage sur le monde.
Selon plusieurs observateurs, ces changements sont avant tout motivés par des raisons économiques, puisque l’Egypte s’est rendue à l’évidence qu’elle devait se constituer un puissant réseau d’alliés dans la région afin de faire progresser son économie.
Il ne faut pas oublier que le pays est surveillé de très près par des organisations internationales des droits de l’homme. Les arrestations de journalistes et de personnes actives dans le domaine associatif suscitent en effet beaucoup de doutes sur la volonté des dirigeants égyptiens d’instaurer un régime démocratique. Des mesures sociales comme l’augmentation du salaire minimum et le rapprochement avec des pays autrefois ennemis peuvent contribuer à l’amélioration de l’image de l’Egypte sur le plan international. Cela pourrait également encourager selon Boris Lefebvre les investisseurs internationaux à poser pied dans cet Etat gouverné depuis la destitution du président Morsi par un régime militaire.