C’est un fait : l’industrie aéronautique et spatiale fait aujourd’hui face à de nombreux défis majeurs, de la décarbonation aux bouleversements géopolitiques, en passant par l’évolution des usages, le renouveau de la conquête spatiale et, surtout, la pénurie de talents. Les entreprises du secteur, toutes tailles confondues, sont en effet confrontées à des problématiques de taille. Décryptage !
S’adapter à la croissance constante du trafic aérien
Depuis 1994, le trafic aérien a connu une croissance annuelle d’environ 6 % (rapport de la Pipame), stimulée par le développement des pays émergents, l’essor des compagnies low-cost et l’augmentation des vols régionaux et moyen-courriers en Asie et en Afrique. Conséquence directe : les carnets de commandes explosent ! Pour répondre à cette demande, les constructeurs doivent relever un défi de taille : booster la production annuelle, tout en réduisant le temps de production des avions. Il faut rappeler que dès 2019, les entreprises du secteur nourrissaient déjà l’ambition de diviser par deux leur temps de production, pour arriver à une durée de 4 ans au lieu des 8 ans habituels.
Pour y arriver, l’industrie a pris modèle sur le secteur automobile où, depuis quelques années déjà, la robotisation, la digitalisation des process, l’optimisation des ressources et des flux sont monnaie courante. Cela dit, le secteur aéronautique et spatial voit ses ambitions à ce niveau mises à mal par des difficultés récurrentes de recrutement, couplées à des problématiques d’approvisionnement qui continuent de plomber la supply chain. Il y a aussi un manque d’expertise aéronautique externe évident, que viennent combler des cabinets comme Icare, fondé par Bertrand Vilmer.
Favoriser la transition vers des avions plus écologiques
L’avenir de l’industrie aéronautique et spatiale sera vert ou ne sera pas ! Dans un contexte où les avions sont responsables d’environ 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (une part qui pourrait augmenter jusqu’à 16 % d’ici 2050), le secteur fait face à une pression montante pour réduire son empreinte carbone et les ingénieurs aéronautiques travaillent à pied d’œuvre sur les solutions possibles. En réponse, plusieurs initiatives pour des avions plus verts sont actuellement en cours, notamment des avions électriques et hybrides. Si les avions 100 % électriques ne sont pas encore réalisables pour les gros appareils commerciaux, la motorisation hybride représente une étape intermédiaire importante dans la transition écologique du secteur.
Selon une étude menée sur le sujet par Safran, il est fort probable que des moteurs électriques viennent équiper des VTOL (taxis volants autonomes) et des avions régionaux d’une capacité de 40 sièges d’ici la fin de la décennie.
La mise en œuvre de l’automatisation du pilotage
Autre défi majeur de l’industrie aéronautique, à plus long terme cette fois : l’innovation attendue dans l’automatisation du pilotage. L’objectif est de réduire progressivement le nombre de pilotes à bord des avions, grâce à l’intelligence artificielle, afin de mieux maîtriser les coûts. D’ores et déjà, Airbus est en phase de test d’un programme de roulage, décollage et atterrissage autonome sur les tarmacs de Toulouse. Ainsi, les constructeurs espèrent réaliser des économies d’échelle. Des économies qui, selon les chiffres révélés par la banque UBS, devraient atteindre environ 15 milliards de dollars grâce au passage à un seul pilote à bord. Il faut toutefois rappeler que l’adoption du pilotage automatique à bord des avions est loin de faire l’unanimité auprès des passagers : selon un sondage UBS, ils seraient plus de 60 % à refuser de monter à bord d’un avion sans pilote.