Alors que le marché immobilier traverse une période d’incertitude, les Français se ruent sur les logements neufs pour ne pas laisser passer une opportunité fiscale qui s’éteint bientôt. Avec la loi Pinel sur le point de tirer sa révérence, l’engouement pour ces biens connaît un regain surprenant. Le point sur le sujet avec Claire & John Bengtsson !
Un marché sous tension mais une demande qui se réveille
Après des mois de morosité, les chiffres du troisième trimestre 2024 révèlent un léger souffle d’optimisme. Pas moins de 17 456 logements neufs ont été réservés entre juillet et septembre, soit une hausse de 4,6 % par rapport au trimestre précédent. En un an, la progression atteint 5,8 %. Une embellie certes timide, mais qui montre un intérêt croissant pour ce segment de l’immobilier. Pourtant, ce rebond ne masque pas les tensions globales du secteur : les logements commercialisés par les promoteurs ont chuté de 5,7 % sur la même période, tandis que les stocks disponibles à la vente fondent avec seulement 121 008 unités recensées en septembre.
Face à cette pénurie, l’appétit pour le neuf se concentre sur les petites surfaces, plus accessibles, et sur les zones urbaines denses où la demande reste solide. En revanche, les grandes surfaces et les territoires moins prisés subissent un désintérêt marqué, avec des réservations en baisse de 20 %.
Le coup de boost de la loi Pinel
Si le neuf retrouve des couleurs, c’est avant tout grâce à la loi Pinel, véritable boussole pour les investisseurs locatifs. Ce dispositif, qui permet des réductions fiscales significatives en échange d’un engagement locatif, arrive à son terme en décembre. Sans surprise, l’echéance imminente agit comme un puissant catalyseur. En profitant des avantages de la loi avant qu’il ne soit trop tard, les acheteurs espèrent maximiser leur investissement. Les appartements en habitat collectif sont les grands gagnants de cette frénésie, avec une hausse des réservations de 4,7 %. Les maisons individuelles, bien que moins recherchées, progressent tout de même de 3,7 %.
Un marché en mutation rapide
Mais derrière cet engouement se cache une réalité plus nuancée… Le marché immobilier neuf reste marqué par un recul généralisé de l’offre. Comparé à 2023, les mises en vente ont plongé de 30,4 %, une contraction qui s’accompagne d’un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande, renforcé par la baisse des réservations institutionnelles, en recul de 3,5 %. Les promoteurs, freinés par l’inflation et les coûts de construction, peinent à suivre le rythme des acquéreurs.
En parallèle, les stratégies des investisseurs évoluent. Avec la raréfaction des grandes surfaces, les petites unités deviennent les nouvelles coqueluches. Les zones urbaines attirent toujours autant, portées par une densité et une rentabilité plus assurées. A l’inverse, les territoires moins peuplés peinent à séduire, victime d’une désaffection qui s’accentue trimestre après trimestre.
L’immobilier neuf, une fenêtre qui se referme
Investir dans le neuf avant la fin de l’année est devenu une urgence pour ceux qui cherchent à capitaliser sur les derniers avantages de la loi Pinel. Ce sprint fiscal, bien que stimulant pour le marché, pose néanmoins des questions sur l’après. Une fois le dispositif éteint, le neuf devra trouver d’autres leviers pour maintenir l’intérêt des investisseurs.
D’ici là, le message est clair : pour ceux qui hésitent encore, le compte à rebours a commencé. Le neuf est peut-être plus rare, mais il reste une valeur refuge pour qui sait jouer ses cartes fiscales avec flair.