Spécialité à la croisée de la médecine et de la chirurgie, la chirurgie orale occupe une place centrale dans la prise en charge des pathologies dentaires complexes, et pour cause. Loin du simple soin de carie ou du détartrage annuel, elle s’attaque aux cas les plus lourds, souvent chroniques, parfois urgents. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Et dans quels cas un dentiste oriente-t-il son patient vers un chirurgien oral ? La réponse avec Geoffrey Migliardi !
Une discipline médicale et chirurgicale à part entière
La chirurgie orale, aussi appelée odontostomatologie, regroupe les interventions ciblant les dents, les mâchoires, les muqueuses, les gencives et les tissus avoisinants. Elle traite autant les affections des tissus mous que les atteintes osseuses complexes. C’est une discipline exigeante, qui nécessite une formation spécifique au-delà du cursus classique d’odontologie. Car ici, le geste chirurgical prime, et le diagnostic précis est la clé d’un traitement efficace. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la chirurgie orale n’est jamais le premier recours. Ce sont souvent les dentistes, orthodontistes ou médecins généralistes qui dirigent leurs patients vers un chirurgien oral lorsque le seuil de complexité dépasse leurs compétences. Grâce à cette orientation, le patient bénéficie d’un diagnostic approfondi, souvent appuyé par des imageries poussées, et d’une prise en charge personnalisée.
Un métier à part, une formation exigeante
Il faut savoir que tous les chirurgiens-dentistes ne sont pas chirurgiens oraux. Ce dernier suit une formation complémentaire longue et spécialisée, qui lui permet d’acquérir les compétences techniques nécessaires à des interventions médicales et chirurgicales souvent délicates : extraction de dents incluses, pose d’implants, greffes osseuses ou encore traitement des kystes maxillaires. Parce que ces interventions sont souvent longues, parfois étalées sur plusieurs mois, le chirurgien oral se consacre exclusivement à cette activité, délaissant les soins de routine réservés à la dentisterie générale.
Quand consulter un chirurgien oral ?
Il existe deux grands types d’interventions réalisées par ces spécialistes : les actes médicaux et les actes chirurgicaux.
Les actes médicaux
Certains troubles, bien que ne nécessitant pas d’intervention chirurgicale immédiate, relèvent d’une expertise poussée. On pense par exemple aux candidoses buccales ou au lichen plan, qui affectent les muqueuses de la bouche. Autres cas fréquents : les pathologies des glandes salivaires, des muscles masticateurs ou des articulations de la mâchoire. Le chirurgien oral intervient également pour le dépistage et le suivi de lésions ou de tumeurs potentiellement cancéreuses. Dans ces situations, il est souvent l’un des premiers maillons du diagnostic, et parfois l’acteur clé d’un traitement précoce salvateur.
Les actes chirurgicaux
La chirurgie buccale prend tout son sens face aux cas complexes, notamment les dents incluses, les greffes osseuses, le dégagement de canines, les kystes maxillaires, les sinusites d’origine dentaire… Autant de situations qui exigent un savoir-faire technique élevé, une parfaite connaissance de l’anatomie faciale, et un suivi minutieux. C’est notamment le cas pour les avulsions dentaires complexes – ces extractions qui ne s’improvisent pas –, ou les greffes osseuses, nécessaires avant la pose d’implants. Sans oublier les traumatismes alvéolo-dentaires (fractures, luxations, impactions), fréquents chez les sportifs ou à la suite d’accidents.
Une spécialité au service de la qualité de vie
La chirurgie orale n’est pas uniquement curative, elle est aussi reconstructrice et préventive. Elle redonne leur fonction et leur esthétique aux dents, soulage des douleurs persistantes, améliore la mastication, la phonation, et prévient des infections chroniques. En somme, elle joue un rôle central dans la santé globale, et c’est peut-être là qu’elle prend toute sa dimension en réconciliant expertise chirurgicale, approche médicale et accompagnement humain.