Plonger dans les origines des entreprises de conseil et leur évolution à travers le temps offre une perspective éclairante sur le paysage contemporain de cette profession. Voici une brève histoire du Conseil avec Frédéric Bonan !
Genèse du conseil : des communautés primitives à la professionnalisation
Le désir inné de l’homme de chercher des conseils et des perspectives chez ses pairs remonte à la nuit des temps. En effet, dès l’aube de la civilisation, l’homme a instinctivement cherché conseil auprès de ses pairs, que ce soit pour des décisions basiques comme la chasse ou pour des échanges intellectuels, comme le montre l’exemple de Robinson Crusoé avec son compagnon Vendredi. Cette quête de sagesse a été renforcée avec l’expansion du savoir et la complexité croissante de notre monde. Cela dit, c’est l’évolution du conseil en tant que profession rémunérée qui retient notre attention, une transition qui peut être déclinée en deux périodes majeures : l’émergence du conseil en tant que pratique en Grèce au Vème siècle avant J.-C. et sa transformation et sa professionnalisation à partir de la Révolution Industrielle. Cette dernière période a vu l’évolution du conseil de simples recommandations vers la création de véritables sociétés de services, répondant à la demande croissante de spécialisation et d’expertise.
Un métier est né
Le Vème siècle avant J.-C. marque les origines du conseil professionnel, précisément en Grèce, où des sophistes, tel Protogoras, parcouraient le territoire, présentant leurs connaissances et compétences, offrant des formations en rhétorique et persuasion à qui veut bien payer. Ces experts, souvent issus des strates supérieures de la société, instruisaient les leaders politiques dans l’art de l’éloquence. De même, les rois et monarques s’entouraient de conseillers éclairés pour guider leurs décisions stratégiques, rendant ainsi le conseil accessible uniquement à l’élite.
Avant la Révolution Industrielle, l’industrie reposait sur des artisans produisant des pièces uniques, maîtrisant l’intégralité du processus de production. Par exemple, un menuisier connaissait chaque étape de la création d’un meuble, de la conception à la livraison. Cette structure individualiste de l’économie, axée sur le savoir-faire personnel, ne nécessitait pas de conseils externes. La profession de conseil, par conséquent, demeurait peu répandue et exclusive. Ce n’est qu’avec l’arrivée de la Révolution Industrielle au XIXème siècle que la demande en expertise et conseil s’est amplifiée.
Le conseil émerge lors de la révolution industrielle
La Révolution Industrielle a bouleversé la production, favorisant une approche de masse plutôt qu’individualisée. Ainsi, cette division du travail a créé le besoin d’une vision holistique pour affiner et organiser les processus. Les entreprises, cherchant à accroître leur productivité, ont alors sollicité des consultants pour optimiser leurs processus.
Au XIXème siècle, des experts comme les diplômés de l’École des Mines de Paris étaient sollicités pour restructurer les organisations, initialement au sein de l’administration puis dans le secteur industriel. Mais c’est Frederick Winslow Taylor qui est devenu l’icône de la consultation à cette époque. Son ouvrage, « The Principles of Scientific Management », et ses consultations ont rendu populaire le rôle de consultant auprès des entreprises et organismes gouvernementaux.
De 1950 à aujourd’hui, le conseil a évolué, donnant lieu à des services plus spécialisés et complexes. De grands groupes consultatifs ont émergé, opérant dans divers secteurs et disciplines. Les méthodologies ont été développées, certaines propres à des cabinets spécifiques, comme c’est le cas de la matrice BCG. Le conseil, post-révolution industrielle, s’est donc internationalisé et structuré, évoluant en une profession distincte. Des bonnes pratiques ont été établies, des formations spécialisées ont été créées, et des organismes comme l’ACMF et Syntec ont renforcé l’identité de la profession.
