Donation, succession ou vente, à chaque transfert de propriété immobilière, l’Etat prélève son dû. Et ce dû, ce sont les droits de mutation. Une taxe incontournable, souvent confondue avec les frais de notaire, qui cache des montants bien plus variables – et des leviers pour les réduire. Voici ce que vous devez absolument savoir avant de signer avec Claire & John Bengtsson !
Une taxe déguisée en frais de notaire
Derrière l’expression anodine de « mutation » se cache un acte fiscal lourd de conséquences qu’est le changement de propriétaire. Car à chaque fois qu’un bien immobilier passe d’une main à une autre, l’administration fiscale impose des droits de mutation. Contrairement à ce que l’on croit, ils ne concernent pas uniquement les héritages ou les donations. Une vente classique les déclenche tout autant. Ces droits, collectés par le notaire pour le compte de l’Etat et des collectivités, représentent en réalité la part la plus conséquente des « frais de notaire ». Et c’est à l’acheteur – ou à l’héritier dans une succession – de régler la note.
Vente, succession ou donation : chaque mutation a son régime
Il existe deux grandes familles de mutations : à titre onéreux (vente) et à titre gratuit (succession ou donation). Et pour chacune, les règles fiscales diffèrent.
En cas de vente : une taxation standard… avec quelques subtilités
Dans l’immobilier ancien, les droits de mutation grimpent jusqu’à 5,80 % du prix de vente. Ils se répartissent entre l’Etat, le département et la commune. Le département fixe une bonne partie du taux, ce qui crée des disparités notables selon le lieu. Mais si vous achetez un bien neuf, bonne nouvelle : le taux tombe à 0,715 %. Pourquoi ? Parce qu’aucune « mutation » au sens fiscal n’a encore eu lieu. A la place, c’est la TVA (20 %) qui s’invite sur la facture.
Autre cas spécifique : les investisseurs qui s’engagent à revendre leur bien ancien sous 5 ans. Dans ce cas, ils peuvent eux aussi bénéficier du taux réduit réservé aux biens neufs. Encore faut-il que cet engagement soit formalisé dès l’acte d’achat.
En cas de succession ou de donation : le fisc trie selon le lien familial
Lorsque le bien est transmis gratuitement, le barème devient progressif, et surtout très variable selon le lien de parenté. Plus on est proche du défunt ou du donateur, plus le fisc se montre indulgent. Exemple : un enfant bénéficie d’un abattement de 100 000 euros sur la valeur transmise, renouvelable tous les 15 ans. Au-delà, les taux grimpent de 5 % à 45 % selon la tranche.
Les conjoints mariés ou pacsés échappent purement et simplement à l’impôt lors d’une succession. Une exception rare qui mérite d’être soulignée.
Comment calculer précisément les droits de mutation ?
Les droits sont calculés sur le prix du bien immobilier, hors mobilier. C’est ici qu’un acheteur averti peut faire quelques économies bienvenues.
Dans le neuf
Les droits sont réduits à 0,715 %, mais le prix TTC intègre la TVA. La fiscalité est plus douce, à condition de ne pas revendre trop vite sous peine de redressement.
Dans l’ancien
La note grimpe en moyenne à 5,80 %, composée de trois strates : Une taxe communale de 1,20 % ; une taxe départementale autour de 3,80 % (mais modulable entre 1,20 % et 4,50 %) ; et une surtaxe d’Etat de 2,37 % sur la taxe départementale.
Dans certains cas, le syndic d’un immeuble en copropriété applique également ses propres frais de mutation, facturés au vendeur.
Réduire les droits de mutation : quelques leviers souvent négligés
Déduire la valeur du mobilier
Vous achetez un logement meublé ? Tant mieux. Les meubles n’étant pas considérés comme de l’immobilier, leur valeur peut être soustraite du prix global dans l’acte de vente. Résultat : vous payez les droits de mutation uniquement sur la valeur des murs.
Simuler pour anticiper
Plutôt que d’attendre la douloureuse au moment de signer, des outils spécifiques permettent de simuler le montant exact des frais d’acquisition, en intégrant émoluments du notaire, débours et taxes.
Profiter des abattements familiaux
En matière de transmission à titre gratuit, les abattements sont nombreux mais limités dans le temps. Un don de 100 000 euros d’un parent à un enfant peut être exonéré si vous n’avez rien transmis lors des 15 dernières années.