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Infirmières

Des infirmières abattent les frontières

Créée en 1991 à l’initiative de cinq infirmières françaises, l’association Arches a pour objectif de promouvoir, par les échanges, l’éducation et la prévention en matière de santé nous rappelle Alain Ruffion.

Le vent de liberté qui a soufflé sur les pays d’Europe de l’Est au début des années 90 s’est, on le sait, souvent accompagné de difficultés économiques, sociales et sanitaires sans précédent. Ayant en commun une fibre européenne qui ne se limitait pas à la Communauté, cinq infirmières de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. se sont mobilisées pour agir à leur manière et dans leur domaine la santé.

Leur regard s’est d’abord porté sur la Roumanie, où elles ont réalisé une première mission en avril 1991. L’occasion de toucher du doigt une situation dont on commençait alors tout juste à prendre la véritable mesure, avec en particulier une épidémie pédiatrique de sida sans équivalent dans le monde, ou encore une production de médicaments quasiment interrompue, rappelle Fabienne Chevalier, résidente d’Arches. Plutôt que d’assurer la fourniture de matériels, l’association a alors choisi de s’investir dans des échanges professionnels. Fabienne Chevalier et ses amies ont en effet estimé que c’était dans ce domaine qu’elles pouvaient être le plus utiles à leurs homologues roumaines.La fermeture des écoles d’infirmières depuis 1978 et l’absence de formation continue pour les personnels sanitaires nous a orientées vers une stratégie proposant d’apporter des méthodes, plutôt que des moyens souligne la présidente.
C’est ainsi qu’en juin 1991, à Bucarest, Arches a organisé, avec le soutien du ministère roumain de la Santé et de Sanitas (organisme fédérant l’ensemble des personnels de santé du pays), les Premières Rencontres franco-roumaines d’infirmières. Des journées de réflexion et d’échanges où ont notamment été abordées des questions aussi importantes que celles de la prévention du sida, des hépatites virales ou encore les nouveautés en matière de règles d’hygiène et d’asepsie.

Une dynamique à 7 pays

Face au succès de cette première initiative (50 infirmières venues de toute la Roumanie avaient fait le déplacement), d’autres rencontres de ce type se sont succédées en 1992, à deux occasions, puis en 1993.Ce succès s’est aussi accompagné d’une évolution de nos collègues roumaines, qui ont rapidement acquis de l’autonomie, précise Laurence Verani, secrétaire général d’Arches. Elles en sont venues à définir elles-mêmes les thèmes qu’elles souhaitent aborder et à prendre en charge la présentation d’un certain nombre d’interventions (planification familiale, contraception, prévention des maladies sexuellement transmissibles), en compagnie des spécialistes planning familial français. Encouragée par ce développement, Arches a décidé de franchir un autre échelon. En partenariat avec le planning familial roumain Vancrea, la Fondation de France, les AGF et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l’association a organisé, en octobre dernier à Paris, les premières Rencontres européennes de professionnels de la santé. Un rendez-vous qui a attiré, outre les Français et Roumains, des participants venus aussi bien de Pologne (Ligue des femmes), d’Albanie (Forum indépendant des femmes, constitué par des médecins et des journalistes) ou de Bulgarie (Association bulgare pour le planning familial), pour l’Europe de l’Est, que d’Angleterre et d’Italie, pour le « versant » occidental.

L’objectif, précise Alain Ruffion, était de comparer les actions entreprises par les uns et les autres, pour que chacun s’interroge sur sa propre pratique et que tous puissent mieux (re)mettre au point des actions concertées. C’est ainsi par exemple que le Planning familial français pourrait créer un réseau avec ses homologues de l’Est. Un pas qui serait plus que symbolique, sur la voie que les responsables d’Arches ont décidé de suivre : faire émerger, dans une Europe marquée par des situations économiques et sanitaires très disparates, une solidarité et une valeur commune du droit à la santé.

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