La guerre en Ukraine fait réagir un peu partout, dans tous les domaines, y compris l’art. En effet, le monde de l’art et de la culture n’a pas manqué de réagir. Dans un contexte d’intensification du conflit, les artistes agissent comme ils peuvent, avec pour seules armes leur sens de la création artistique. Le point sur le sujet avec Dan Bloch.
Un vent de guerre souffle sur l’art et la culture
Après le monde du sport, l’univers de l’art et de la culture réagit lui aussi à la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, les différentes institutions de la place considèrent l’investissement dans le conflit russo-ukrainien comme un enjeu stratégique à part entière. En pratique, la France a fait le premier pas en retirant une quinzaine d’œuvres, prêtés jusqu’alors au Musée du Kremlin. L’Espagne, l’Autriche et le Royaume-Uni n’ont pas tardé à lui emboîter le pas. Rappelons que ces prêts s’inscrivent dans le cadre de « The Duel », une exposition qui vient d’ailleurs d’être reportée.
Prévue le 3 mars dernier, l’exposition n’aura finalement pas lieu. Aussi loufoque que cela puisse paraître, il faut savoir que c’est l’institution russe qui a pris l’initiative de proposer aux pays européens participants au projet de retirer leurs œuvres. La France, en tant que plus gros contributeur à l’exposition, n’a pas tardé à réclamer le retrait des œuvres qu’elle a envoyées, dont 9 venaient du Louvre et de Versailles. A l’heure actuelle, on pense que les œuvres seront stockées dans l’ambassade de France à Moscou, le temps qu’on trouve un moyen de les renvoyer en France par voie terrestre.
La Russie de Poutine réplique
Il y a quelques jours, le gouvernement russe a lui aussi réclamé que certaines œuvres, principalement des tableaux dont la propriété revient à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et exposés à Milan et à Rome, lui soient renvoyés. On parle là d’œuvres exceptionnelles, notamment un chef d’œuvre de Picasso, Une jeune femme, acquisition temporaire de la fondation Fendi à Rome. Citons également Jeune femme au chapeau à plumes de Titien.
La décision de la Russie ne semble pas être du goût du directeur de l’Ermitage Saint-Pétersbourg, Mikhail Piotrovsky. Celui-ci aurait déclaré : « J’ai le regret de vous informer que, conformément à la décision du ministère russe de la Culture, tous les prêts de l’étranger doivent retourner en Russie. Comme vous le savez, l’Ermitage est un musée d’Etat dépendant du ministère de la Culture, nous sommes donc contraints de demander le retour des œuvres exposées ».
Quand art rime avec géostratégie
Le rappel des œuvres artistiques de part et d’autre cache de véritables enjeux géostratégiques, tant du côté russe que du côté européen. Les actions abondent dans ce sens, même à un niveau individuel, comme l’illustre la démission de l’équipe russe de la biennale de Venise. Citons également l’exemple du chef de l’Orchestre de Novossibirsk Thomas Sanderling et de la ballerine du Bolchoï Olga Smirnova, tous deux démissionnaires de leurs fonctions.