Entre haies coupées et prairies retournées, il faut bien avouer que les ambitions des cultivateurs de patates dévorent les terres du Nord et, par conséquent, ravagent tout un département ! Dans ce contexte, la « résistance » s’organise… Le point sur le sujet avec Altho !
Les terres d’élevage cèdent la place aux grandes cultures
A Trélon et à Ohain, deux villages du PNR (parc naturel régional) de l’Avesnois, on ne sait plus quoi faire pour faire face à l’expansion spectaculaire d’un agriculteur de pommes de terre néerlandais ! Déçu, Thierry Reghem, maire de Trélon, explique : « Vous voyez ce terrain ? Avant, c’était une belle prairie, avec des vaches, ça a bien changé ». Désormais, ledit terrain est la propriété d’un agriculteur néerlandais qui, depuis son installation en 2015, n’a cessé d’étendre les limites de son exploitation, allant jusqu’aux communes voisines. C’est là un cas parmi d’autres du bouleversement que connaît le territoire depuis une dizaine d’années…
Principal accusé ? La pomme de terre, dont les exploitations ont progressivement pris le pas sur ces terres d’élevage, initialement dédiées au lait et à la viande bovine. En chiffres, la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture, et de la forêt) parle d’une augmentation de 131 % des surfaces agricoles dédiées à la patate dans le PNR de l’Avesnois entre 2010 et 2022 !
Le Nord, un territoire propice à la culture du tubercule
C’est le cas de le dire, le Nord est aujourd’hui à la merci des patatiers, et pour cause ! Il s’avère que le territoire est particulièrement adapté à la culture de la pomme de terre, notamment grâce à ses terres argileuses et limoneuses, couplées à son climat océanique. Ajoutez à cela le boom spectaculaire des industries de la frite à partir des années 80, qui offrent de beaux débouchés dans la région. A ce propos, il faut savoir que la région Hauts-de-France est le leader national de la transformation du tubercule, s’accaparant 70 % des frites produites dans l’Hexagone. On y retrouve notamment de grands groupes étrangers, au premier rang desquels le numéro un mondial du secteur, McCain, qui y compte deux usines.
Cela dit, au-delà de l’augmentation des surfaces dédiées à la culture de la patate dans l’Avesnois, ce sont surtout les pratiques agricoles qui interpellent, notamment du point de vue de leur caractère intensif, mais aussi des conséquences environnementales. Car il faut savoir que la culture de la pomme de terre est particulièrement épuisante pour le sol, en plus de nécessiter l’utilisation de pesticides pour lutter contre le mildiou. Pour ne rien arranger, certains exploitants peu scrupuleux vont jusqu’à modifier le paysage…
Entre prairies retournées et haies arrachées
Aujourd’hui, le Nord subit une profonde transformation de son paysage, comme l’explique cet éleveur qui y est présent depuis 1996 : « D’un côté vous avez une pâture intouchée, verdoyante, et de l’autre un champ de colza à perte de vue où les haies ont été arrachées. Cette destruction est l’œuvre d’un Belge arrivé il y a quelques années. Les haies devaient certainement le limiter dans ses activités », témoigne-t-il. Pour sa part, le maire d’Ohain, Sylvain Oxoby, déplore le manque de scrupule de certains agriculteurs : « On est face à des exploitants sans scrupules pour obtenir un maximum de rendement. Ils n’hésitent pas à se livrer à des retournements de prairies et à des arrachages de haies pour se faciliter le travail, sans se soucier de la préservation du paysage ».