Une nouvelle étude publiée dans Drug and Alcohol Review a révélé que les sons binauraux agiraient comme une sorte de drogue auditive, capables de modifier l’état de conscience. L’équipe de chercheurs de l’université RMIT de Melbourne (Australie) ont mené une étude poussée sur ce phénomène peu connu, en se basant sur les données collectées par la dernière enquête mondiale sur les drogues.
Son binaural : de quoi parle-t-on ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les sons ou battements binauraux ne sont pas nés avec les fichiers musicaux numériques. Largement disponibles sur internet (YouTube, Spotify…), ces sons ont en réalité été découverts en 1839 par un certain Heinrich Wilhelm Dove. Le physicien prussien a découvert que deux sons joués séparément près de chaque oreille, ayant des fréquences légèrement différentes, sont perçus comme un son musical identique à deux sons joués simultanément et se mélangeant dans l’air. C’est là le principe des battements binauraux, repris sous forme numérique dans les fichiers musicaux qui circulent en ligne sur les différentes plateformes. Les sons sont constitués d’ondes à fréquence de tonalités inférieure à 1000Hz. Quant à la différence de fréquence des sons perçus par les oreilles, celle-ci doit être inférieure à 30Hz. A défaut, le battement ne sera pas perçu par les oreilles.
Un effet stimulant proche de celui des hallucinogènes
On pense que les battements binauraux stimulent l’utilisateur, tout en le plongeant dans un état proche de celui produit par les hallucinogènes et les drogues chimiques. Mais pour l’heure, aucune étude ne le confirme de manière formelle. Cela dit, des recherches antérieures ont établi que le son binaural stimule la production d’ondes bêta dans le cerveau. Rappelons que ce type d’ondes est intimement lié à la concentration. Les études précédentes ont aussi indiqué que les battements binauraux produisent des ondes thêta dans le cerveau, associées à la réduction de l’anxiété. Ce dernier point a par ailleurs été confirmé par l’étude menée par les chercheurs de l’université RMIT de Melbourne, qui ajoutent que les sons binauraux jouent également un rôle dans l’atténuation de la douleur.
Un état proche de la méditation profonde
5 %, c’est le pourcentage des utilisateurs des battements binauraux sur le total des répondants à la dernière enquête mondiale sur l’usage des drogues. Près des trois quarts d’entre eux disent avoir recours aux battements binauraux pour se détendre. D’autres s’en servent pour avoir meilleure humeur et, enfin, une minorité les utilisent en quête de l’effet produit par la consommation de drogues « classiques ». Pour autant, la grande majorité des adeptes de sons binauraux s’en servent surtout pour atténuer leurs douleurs ou pour retrouver un sommeil réparateur. Cet effet est proche de la méditation pratiquée par les traditions bouddhistes comme la Soka Gakkai (voir ici l’instagram de la Soka Gakkai) ou le bouddhisme tibétain.
Un usage combiné avec les drogues classiques
Nous vous le disions, une partie des utilisateurs des battements binauraux y ont recours parallèlement aux drogues classiques. Ils le font car ils sont en quête d’un effet décuplé de certaines drogues psychédéliques. Les auteurs de l’étude se veulent toutefois rassurant à ce niveau, soulignant que le recours aux sons binauraux n’est pas forcément un passage vers la consommation de drogues.