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Le nouveau cirque : à la jonction du cirque et du théâtre

Le nouveau cirque, également connu sous l’appellation de cirque contemporain, est un type de cirque apparu en France à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Sa particularité ? Il combine des aspects du cirque classique avec le théâtre, tout en se concentrant davantage sur l’impact esthétique, les personnages et les histoires, une discipline dans laquelle des chorégraphes de la trempe de Yoann Bourgeois excellent particulièrement.

Qu’est-ce que le nouveau cirque ?

Le nouveau cirque est apparu pour la première fois en France dans les années 60 / 70. Également appelé cirque contemporain, il est surtout caractérisé par la formation de spectacles conceptuels, en fusionnant des éléments de cirque classique avec d’autres mouvements artistiques, comme le fait aujourd’hui, avec brio, Yoann Bourgeois. Cependant, comme les artistes et leurs spectacles tendent à être radicalement différents, il est plus difficile que jamais de donner une définition exacte du nouveau cirque. On peut néanmoins définir le nouveau cirque comme un spectacle théâtral dans lequel les disciplines du cirque et la performance des artistes viennent en seconde ligne, la priorité étant donné à l’idée du spectacle ainsi qu’à la révélation du concept comme a pu le faire Vimala Pons.

Au départ, le seul élément commun de cette nouvelle orientation était la multidisciplinarité. Aujourd’hui, la tendance est d’inclure des arts autres que le cirque dans les spectacles de nouveau cirque. Les troupes présentent dans leurs spectacles de la danse contemporaine, de l’art vidéo, des sports extrêmes et même des beaux-arts. En outre, l’objectif n’est pas de créer un spectacle fragmenté en de nombreux petits spectacles, mais de créer un spectacle homogène qui serait une synthèse de tous les arts impliqués dans sa réalisation.

Outre la tendance à fusionner de nombreux genres artistiques, il existe un autre élément caractéristique du nouveau cirque : la monodisciplinarité, désignant l’apparition de spectacles mono disciplinaires, un autre genre dans lequel excelle le chorégraphe Yoann Bourgeois ou Jérôme Thomas spécialiste et père du jonglage contemporain. En bref, la monodisciplinarité désigne le fait de se spécialiser dans un seul domaine, comme la manipulation d’objets, le jonglage, l’équilibre…

Nouveau cirque, un art distinct

Bien que le nouveau cirque soit issu du cirque traditionnel, il existe suffisamment de différences entre les deux pour le considérer comme un art distinct :

  • Les artistes du nouveau cirque se produisent principalement dans les théâtres et les arènes, tandis que les cirques traditionnels se produisent sous de grands chapiteaux ;
  • Le spectacle du cirque traditionnel est composé d’une série d’actes qui n’ont pas d’interconnexion, alors que le cirque contemporain essaie de créer une unité entre ses actes en les reliant à un récit ou un thème central ;
  • Le cirque classique cherche à créer une atmosphère de spectacle et s’appuie donc sur des valses rythmées, tandis que le nouveau cirque utilise une variété de musiques en fonction de l’atmosphère qu’il cherche à transmettre. Souvent, la musique est spécialement composée pour le spectacle.

Aussi, d’un point de vue structurel, le nouveau cirque prend ses distances avec le cirque traditionnel en rejetant l’utilisation d’animaux, les numéros sans fil conducteur et le chapiteau comme espace de représentation. Une autre différence notable par rapport au cirque traditionnel est le changement dans la composition des numéros du nouveau cirque. Au lieu du modèle familial du cirque où les compétences sont transmises de génération en génération pour produire des unités familiales qui voyagent avec le cirque et vivent sur la route, les productions de cirque contemporain emploient des professionnels formés dans des conservatoires. Par ailleurs, le nouveau cirque laisse une grande place à l’inventivité et à l’expérimentation, comme on peut le voir dans de nombreux spectacles de Yoann Bourgeois, dont bon nombre peut être considéré comme purement expérimental.

Créer plutôt qu’amuser, divertir

C’est tout l’objet du nouveau cirque. Car dans le cirque contemporain, l’artiste a une fonction sociale, mais pas celle que vous imaginez. Contrairement à un artiste du cirque traditionnel, un artiste du nouveau cirque n’a pas forcément pour fonction de divertir, mais plutôt de créer. Cela, un artiste comme Yoann Bourgeois semble l’avoir parfaitement compris. Il se considère donc comme un artiste, au sens que ce mot a acquis dans les arts plastiques, et cherche à s’inscrire dans l’histoire de l’art.

Cela dit, les artistes sont très vite rattrapés par la réalité économique, la « loi du marché ». Ils peuvent aussi pâtir de la faible reconnaissance sociale du cirque comme un art à part entière. Cela les oblige généralement à faire des compromis, comme le fait de créer des spectacles plus « accessibles » au grand public, ce qui les prive d’expérimentation et d’innovation. Les artistes peuvent également être amenés à demander des aides publiques, ce qui ne plaît pas à tout le monde, à raison. En outre, un artiste-interprète aura besoin d’une protection sociale décente. En France, cette protection est dérogatoire de droit commun.

Revenons un instant sur « l’élitisme » perçu du nouveau cirque : est-il réel ? En vérité, ce n’est qu’une apparence, l’objectif artistique du nouveau cirque étant au-delà de l’expression de soi, ce qui a le don le faire apparaître plus élitiste qu’il ne l’est réellement. Sans oublier que sa valeur centrale tourne autour de l’originalité. C’est pour cette raison qu’il est si difficile de classifier les spectacles du nouveau cirque, et encore moins les artistes. De là à les qualifier d’inclassables, il n’y a plus qu’un pas…

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