A moins d’avoir une idée de « génie », peu de personnes osent se lancer dans l’entrepreneuriat, à moins de reprendre une entreprise en difficulté… Pour cause, l’idée a de quoi séduire, notamment d’un point de vue budgétaire, la mise de départ étant relativement modérée. Cela dit, préparez-vous à une analyse méticuleuse pour éviter que l’aventure se transforme en un véritable gouffre financier !
L’avenir incertain d’Habitat et la complexité des repreneuriats
Habitat, célèbre marque de meubles et de décoration, fait face à un avenir pour le moins incertain… Le 6 décembre, la société, qui compte 25 magasins en France, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Une période d’observation est en cours jusqu’en janvier, après laquelle le tribunal pourrait envisager de céder l’entreprise à un repreneur. Ce scénario n’est pas inédit dans le paysage commercial français, comme en témoignent les cas récents de Kookaï, André, et Go Sport.
Cette situation met en lumière un phénomène entrepreneurial spécifique : certains investisseurs, à l’instar de l’homme d’affaires Bernard Tapie dans les années 1980, se sont spécialisés dans la reprise d’entreprises en difficulté. Tapie, par exemple, a repris des marques telles que Terraillon et Look pour un franc symbolique, avec l’objectif de redresser leurs finances. Paul-Henri Audras, administrateur judiciaire, note cependant que les reprises symboliques à 1 euro sont aujourd’hui extrêmement rares. De l’avis de Rivalis, il est toutefois possible d’acquérir des entreprises ayant un potentiel de croissance significatif moyennant des sommes modestes, allant de quelques dizaines à quelques centaines de milliers d’euros. Florence Dubois, avocate spécialisée dans l’accompagnement de TPE/PME, considère ces reprises comme de véritables opportunités. Cela dit, elle souligne l’importance d’une préparation approfondie pour éviter que ces investissements ne se muent en gouffres financiers.
Reprise d’entreprise : le mot d’ordre est « investissement »
La reprise d’une entreprise en situation de redressement ou de liquidation judiciaire, supervisée par le tribunal de commerce, ne fixe aucun prix de vente a priori, en cela que les candidats à la reprise doivent présenter leurs offres devant le tribunal. Cette démarche, bien que complexe, offre plusieurs avantages, notamment un prix d’acquisition potentiellement bas, une clientèle existante, et des salariés déjà formés, comme le souligne Florence Dubois. Celle-ci ajoute que le repreneur s’inscrit dans une histoire d’entreprise existante qui, malgré ses difficultés actuelles, peut posséder des bases solides. Il est important de noter que l’acheteur n’acquiert qu’une partie de l’entreprise, le reste des actifs ayant été utilisés pour rembourser les dettes. Si ces actifs ne couvrent pas l’intégralité des dettes, celles-ci sont effacées.
Cela dit, pour redynamiser l’entreprise, il faudra investir davantage que le montant initial de l’achat. Comme le précise Florence Dubois, cela peut impliquer de reconstituer un fonds de roulement, de renouveler les stocks, d’acquérir des équipements plus performants, ou encore d’investir dans des actions de communication. Outre l’investissement financier, un engagement personnel et du temps sont nécessaires pour restructurer les opérations, réorganiser le travail des employés, et renouer les liens avec la clientèle.