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La désertification médicale en France : un enjeu national

La crise de la désertification médicale en France ne cesse de s’accentuer, laissant de larges portions du territoire sans accès adéquat aux soins. Derrière ce phénomène alarmant se cachent diverses causes, de la démographie des médecins à la réticence des jeunes diplômés à s’établir en zones isolées. Mais quelles en sont les répercussions directes pour les Français, notamment pour ceux résidant loin des centres urbains ? Et quelles stratégies peuvent être adoptées pour renverser cette tendance ? Eléments de réponse avec Astrid Bonavita.

La désertification médicale en France : comment en est-on arrivé là ?

La France fait face à une carence alarmante en médecins, entravant l’accès aux soins pour un grand nombre de ses citoyens et pesant sur les conditions de travail des praticiens. Ces « déserts médicaux », zones où l’accès à un professionnel de santé est difficile voire impossible, concernent désormais près d’un tiers de la population.

Le terme « désert médical » évoque une région où l’offre de soins est insuffisante, voire inexistante. Cette réalité touche 30,2 % des Français, et elle n’épargne aucune catégorie médicale. Si la disponibilité des généralistes est mise à rude épreuve, notamment en cas d’indisponibilité soudaine, certaines spécialités, telles que la gynécologie et la pédiatrie, sont tout aussi touchées. Cela signifie que dans certaines régions, un quart des femmes et des enfants n’ont pas accès à ces soins essentiels.

Et même si le pays a constaté une hausse du nombre de ses médecins ces dernières années, cela ne suffit pas à pallier les nombreux départs à la retraite et le vieillissement de ces professionnels. Les études de la DREES tirent la sonnette d’alarme : la crise pourrait perdurer, avec une situation qui ne s’améliorerait pas avant 2035.

Pourquoi manque-t-on de médecins en France ?

L’un des facteurs prépondérants de cette carence est-il le vieillissement de la profession médicale ? La réponse est oui, et les chiffres illustrent parfaitement une profession médicale qui grisonne. D’après les données de la DREES de 2021, en moins d’une décennie, le pourcentage de médecins ayant dépassé la soixantaine est monté de 24 % en 2010 à 33 % en 2019. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant parmi les médecins généralistes : presque la moitié d’entre eux ont plus de 60 ans.

Cette évolution démographique met le système de santé français face à d’énormes défis, particulièrement dans les zones rurales. Souvent, ces régions sont prises en charge par des médecins approchant de la retraite, et le remplacement de ces professionnels est loin d’être assuré. Bien que des initiatives aient été lancées pour inciter les jeunes diplômés à s’installer dans ces zones sous-dotées, il reste un long chemin à parcourir pour garantir à chaque citoyen un accès équitable aux soins.

Des difficultés de recrutement et de formation

Il faut savoir que la France est confrontée à des obstacles croissants dans la formation et le recrutement de médecins. Longtemps, le numerus clausus, déterminant le nombre d’étudiants autorisés à poursuivre des études médicales, est demeuré inchangé, malgré une demande croissante en matière de soins, notamment du fait du vieillissement démographique. Résultat : de nombreuses zones, que ce soit les régions rurales ou les secteurs défavorisés des métropoles, souffrent d’une pénurie médicale. Ces zones présentent des conditions de travail et des packages de rémunération souvent moins séduisants que les régions urbaines mieux loties, rendant la tâche de séduire de nouveaux médecins d’autant plus ardue.

La formation médicale, de par sa durée et son coût, peut également rebuter certains jeunes, réticents à l’idée de s’engager dans une voie longue et potentiellement endettante. A cela s’ajoute une concurrence internationale, avec d’autres nations européennes offrant souvent des perspectives plus alléchantes, rendant la tâche de recruter de nouveaux talents médicaux en France encore plus complexe.

 

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