De nos jours, l’art prend des formes de plus en plus diverses et variées. Et parfois, il semble difficile de s’y retrouver parmi les nombreux courants qui traversent ces dernières décennies. C’est notamment le cas de l’art conceptuel qui peut prêter à confusion. Heureusement, aujourd’hui, le passionné d’art, Jean Louis Sbeghen nous livre une définition claire de ce courant artistique et nous explique en détail ses spécificités.
Quand est-ce que l’art conceptuel apparaît-il ?
L’art conceptuel se distingue de l’art minimaliste, qui apparaît un peu plus tôt au début des années 1960 aux Etats-Unis. Une phrase célèbre qui résume parfaitement ce mouvement minimaliste est « Less is more », autrement dit moins c’est plus. Dans le mouvement minimaliste l’environnement est inclus dans l’œuvre d’art et inversement l’œuvre donne une identité à l’environnement. Suite au développement du courant minimaliste, et grâce aux influences de plusieurs artistes comme Magritte, le mouvement conceptuel apparaît au début des années 1970.
Les principales caractéristiques de l’art conceptuel
On dénombre deux idées essentielles dans l’art conceptuel. D’une part, on retrouve l’idée que le travail de l’esprit prend une place plus importante que l’œuvre en elle-même, ce mouvement refuse alors toute forme d’esthétisme. L’art conceptuel concerne toute dimension subjective qui privilégie l’idée et le processus mental plutôt que la production plastique. En d’autres termes, c’est la pensée de l’artiste qui prévaut sur l’œuvre d’art.
D’autre part, dans l’art conceptuel, on aborde la tautologie. Cette notion peut s’illustrer avec l’œuvre de Joseph Kosuth « One and three chairs » qui représente une vraie chaise en 3D, une photographie de chaise à taille réelle, ainsi qu’une feuille où est écrite la définition littérale de la chaise. Avec cette œuvre, l’artiste interroge : lequel de ces trois éléments est-il réellement représentatif de la chaise ? Ainsi, l’art conceptuel illustre le fait que l’objet n’a pas d’importance mais que c’est la réflexion qu’a eu l’artiste qui compte.
La célèbre œuvre conceptuelle de Manzoni
Peut-être avez-vous déjà entendu parlé de l’œuvre de l’italien Piero Manzoni ? Il est l’auteur de l’œuvre intitulée « Merde d’artiste » en 1961. L’artiste a simplement conservé ses excréments, qu’il a ensuite disposé dans 90 boîtes de conserve identiques, dans lesquelles se trouvaient exactement 30 grammes de ses excréments. Ensuite, il a vendu ses boîtes, en fonction du prix de l’or le jour même de la vente. Malgré le fait que cette œuvre ait été très largement contestée, elle a tout de même connu un véritable succès, et a amené de nombreuses personnes à se questionner sur leur perception de l’art et sur la définition même de l’art. Ces questionnements sont le résultat de ce que recherchent précisément les artistes conceptuels, à savoir, s’interroger sur la notion d’art et s’intéresser à des œuvres de tout type.